TIEMKO en ligne
ÉRIC DELAUNAY 1953-1996
Du point de vue musical, à part Tiemko nous pouvons écouter de lui l'album "ANTAGONISME !" de 1981 et sa contribution à DEBOCO, projet mobilisateur dont il définit le concept. Voici plusieurs anedcotes et citations de lui rapportées par Jean-Jacques
Éric dans l'atelier de sa grand-mère
Avant de former TIEMKO, nous avions décidé avec Eric de travailler sur des compositions mutuelles. Nous nous réunissions régulièrement dans l'appartement qu'il occupait alors à Paris, rue Saint-Simon dans le 7ème arrondissement. Armés d'un piano, d'un vibraphone et d'une batterie, nous avons mis sur pied un certain nombre de morceaux que l'on enregistrait ensuite sur un revox. Je dois encore avoir sur cassette quelques uns de ces morceaux. L'expérience a duré pendant un an environ... Cet appartement (un vaste duplex) avait été l'atelier de sa grand-mère Sonia Delaunay que j'avais eu l'occasion de rencontrer quelques années auparavant en compagnie d'Eric. Il y avait toute sorte de toiles répandues un peu partout... La plupart de Sonia Delaunay, mais sans signature car il s'agissait le plus souvent de travaux préparatoires. Je me souviens d'une toile, une espèce de grosse tache jaune qui éclatait comme une étoile, et qui butait sur la piano et me gênait. Eric me dit "Tu peux virer ça, c'est une grosse merde" ; "et de qui est cette grosse merde ?" lui demandais-je. "De Max Ernst"... répondit-il. Eric vivait ainsi de ces rentes dans le patrimoine familial.
Jean-Jacques sur les chansons de Tiemko dont Éric est parolier
On y trouve une grande part d'autobiographie, de malaise (Inadéquation : malaise dans les rapports de couples mais le malaise est aussi celui de son enfance, et d'une vie d'adulte -résultat de l'enfance- où il se sent inadapté, car en dehors de la société traditionnelle), de ressenti (Eric était très intuitif : il voyait juste même sans aucune nuance), une vision plus que pessimiste de ce qui l'entoure ; Eric ne triche pas.
Apocalypse est une grande réussite, une chanson hors normes ; le texte et la musique sont en accord parfait sur fond de dissonance (dissonance et inutilité de l'existence qui contraste avec un rythme guerrier : Eric était fasciné par les engins de guerre ; certains de ses tableaux représentent seulement des chars d'assaut. Faut que je me demerde pour des pots cassés que je n'ai pas cassé et rempli de merde (malaise de l'enfance puis de l'existence) Dans le monde qu'on vit et qui pue la gerbe, qu'est-ce qu'on peut bien foutre les pieds dans la merde (inutilité de l'existence) Et que le bateau n'est pas à bon port (on ne va nulle part) – ici je double la voix d'Eric– A la fin, la guitare se retrouve seule, sans effet, sans issue... Elle se disperse sans aucun but