TIEMKO en ligne
1986 Baptême et premiers concerts à la Pinte
Chauvidan rencontre dans un studio Jean-Marc Thiébaud, qui avait joué des claviers sur l'album solo d’Eric Delaunay « Antagonisme ». Chauvidan et Toussaint sont les seuls qui adhèrent pleinement au mode de fonctionnement de groupe dont rêve Delaunay; une première répétition a lieu au studio HBS (rue des petites écuries), et c'est autour d'un bortsch servi au restaurant "Tiemko" qui se trouvait à côté de la Sorbonne, et disparu depuis, qu'est choisi le nom du groupe. Tiemko restera trio après une multitude de d’essais de musiciens, bassistes de préférence, ou claviers. En autres, Robert Kempler, faisant partie des connaissances d’Eric (ils se sont connus sur l’album Antagonisme) et ancien membre des Asia Minor qui plusieurs années plus tard céderont leur espace de travail à Tiemko à travers « la Station » pour en faire un véritable studio d’enregistrement. Mais aussi les bassistes Jean François Bouvier, et, d'un groupe dans lequel Rémy avait joué, Jean-Jacques Kerléo. A l’issue de toutes ces auditions la décision du trio s’est vite imposée, Tiemko était né. Les membres de Tiemko sont clients fidèles de La Pinte, taverne proche du théâtre de l'Odéon, dont le tenancier proposait alors des concerts de jazz avec en programmations des groupes comme Uzeb, alors pourquoi pas Tiemko ? Se montrant très cordial passé une certaine heure en proposant à boire des mélanges de sa composition; malgré que le groupe ne proposât qu'un seul morceau de jazz dont Toussaint avait composé le thème exprès pour s'accorder à l'étiquette de l'endroit, le groupe eut carte blanche. Delaunay jouant très fort, une batterie électronique fût la solution trouvée pour éviter des concerts à un volume assourdissant.
1988 Premier album - Espace fini
En 1987 Éric Delaunay, avec quelques fonds obscurs, décide de prendre en charge la production de Tiemko. S’en suit un premier enregistrement au studio HBS qui sert de maquette de présentation au groupe, puis très vite mûrit l’idée du premier album. En juillet 1988, JJ. Toussaint, après avoir commencé une carrière d'archéologue – une passion avec laquelle il renouera plus tard en devenant professeur d'archéologie – est instituteur; il profite des vacances scolaires pour enregistrer, ce qu'il refera et n'exclura jamais de faire, de même qu'il ne cessera jamais de poursuivre de régulières activités de musicien. R. Chauvidan passe un mois très éprouvant lors de l’enregistrement du premier album. A vingt-deux ans, travaillant comme électricien le jour et venant enregistrer le soir au studio, les bras éprouvés par le marteau-piqueur et le trajet en train de son chantier au studio… "Chant transylvain du sud-ouest tyrolien", improvisé au chant par JJ. Toussaint lors d’un essai micro, est enregistré à la secrète initiative de l'ingénieur du son et sera plébiscitée ensuite par le trio. Marc Rosenberg, ingénieur du son et musicien, connu pour son travail avec le groupe Eskaton . Le studio CSTA n'étant équipé que d'un 16 pistes, la batterie électronique en prenant la moitié, la marge pour d'éventuels rajouts est mince. Le trio enregistrera les albums suivants au studio ADAM.
1989-1993 Océan, Parade et organisation de concerts
Enregistrant également ces albums pendant les grandes vacances scolaires, Tiemko décide d'organiser ses propres concerts malgré la difficulté de rassurer les organisateurs faute d'étiquette simple pour définir le style de musique proposé, et peut se produire en Bretagne avec Minimum Vital qui choisit de jouer en première partie, grâce à des camarades du groupe Halloween, ce dernier devenu proche après que Bernard Gueffier , co-fondateur de Musea, en a fait découvrir la musique à E. Delaunay. Tiemko se produit aux théâtres de Nesle, Clavel où selon Delaunay, eut lieu leur meilleur concert en 1991 (avec Halloween), à la Salle Curiale en 1993 avec le groupe Xaal, considéré musicalement par E. Delaunay comme un bon concert, malgré des problèmes de branchements incongrus sur des amplis, et au théâtre Trévise une semaine plus tard, un dernier concert avec éclairages et fumigènes qui montèrent dans les narines à Toussaint, masquant les claviers, par ailleurs considéré par Chauvidan comme le meilleur.
Muséa fabrique et distribue les premiers albums de Tiemko mais exige un contrôle sur les pochettes. Pour Océan, l'image de couverture proposée par Tiemko rappelle le style graphique de ECM, mais un brin trash, sera placée au "cul" du disque. Les dessins proposés par Delaunay pour Parade font croire à de la musique médiévale ou sont qualifiés de "grossiers" (peut-être de manière volontairement exagérée afin de valoriser une autre option), JJ. Toussaint mettra un mois à les faire accepter mais le résultat plaira à tout le monde.
Depuis cet album « Océan », la batterie électronique est remplacée par une batterie acoustique, et ne reviendra que partiellement et à dessein dans les autres albums. Océan est présenté comme une composition à trois, bien que Toussaint en soit l'auteur principal. Une amorce de composition au début sur laquelle chacun est venu se greffer puis ajouter ses propres idées, et le long développement qui suit un "morceau de bravoure" à la guitare inventé et déjà joué par Chauvidan à la Pinte. Cet album inclus un morceau acoustique, (Bonbon très sucré) de Rémy Chauvidan, dans un ambiance jazz aérien qui contraste et prédit déjà des surprises sonores propres à Tiemko. Il passe régulièrement sur les ondes et démocratise un peu l’écoute de Tiemko à travers un nouveau publique.
L'album Parade, composé essentiellement de morceaux courts dans une optique d’ouverture commerciale, est d’une diversité sans précédent. Le morceau "Moment" (guitare classique et cordes, R. Chauvidan) fut dédié au parolier Gilles Canuto. "Hymne" (E. Delaunay) fut dédié au poète, auteur, compositeur et interprète Patrick Deny qu’Eric avait accompagné à la batterie à plusieurs reprises.
1995 Clone : enregistré malgré la décision de dissoudre le groupe
Pour la première fois la direction artistique, autant pour la pochette, ce qui évite les coquilles, que pour la musique, est assurée par le groupe. R. Chauvidan fait part de son intention de "prendre le large" et quitter Tiemko en décembre 1994, mais participera aux enregistrements de l'album où chacun viendra enregistrer à tour de rôle ses lignes au studio. JJ. Toussaint cherche à retrouver une dimension ludique que la musique très écrite de Tiemko ne permet pas, tout en préparant de nouvelles compositions. Clone est pour lui l'album du groupe le plus intéressant et le plus abouti. Delaunay désire travailler pour un projet appelé Clones dont le nom se changera en DeBoCo. Muséa distribuera et assurera les frais de fabrication de cet album mais n'en fera pas trop de promotion. L’album fait pourtant un carton auprès des connaisseurs puisque le gratin du rock progressif français est sur cette galette de silicone : Eric Delaunay (Tiemko), Jean Pascal Boffo et Gilles Coppin (Halloween), tous avec leur staff respectif.
Le morceau In Memoriam est un exemplaire rare de "cadavre exquis musical": un concept proposé par Delaunay qui en composa le début, n'en révélant que les dernières mesures à JJ. Toussaint qui fait de même avec R. Chauvidan (avec la particularité d'avoir repris le motif des mesures révélées par E. Delaunay). Ce morceau est également le seul de Tiemko où les trois musiciens ont, pour ainsi dire, équitablement contribué à la composition.